
Biographie
Voyant Turpin s’essayant au dessin, un éducateur de Boscoville lui offrit un livre sur Picasso.
Cette révélation qu’a connue Turpin à ses 17 ans, ne lui a pas depuis laissé de répit. Turpin sculptait, peignait et dessinait avec passion. L'artiste créait comme il respirait, il créait pour respirer. Ses mains dans la glaise, ses ciseaux dans le bois, ses plumes sur le papier et ses spatules en pleine pâte ont fait paraître inlassablement des rêves, des étonnements, des saisies de l'âme que l'on reconnaît chez soi.
Depuis 1964, de nombreuses expositions, tant au Québec qu'en France, ont permis à bien des gens de s'étonner, de s'émouvoir et de s'interroger devant les œuvres d'André Turpin.
« À cet âge, le cubisme n’était pour moi rien d’autre que du chinois. Mais une chose me frappait : un peintre avait créé un monde qui lui appartenait. Dès lors, j’ai compris que je n’étais plus seul »
« Picasso a forgé ma pensée et ma structure d’artiste » .
« […] il n’y avait pour moi que mon art qui comptait. Et je me suis toujours imposé une discipline de fer. Je pense que l’art est une discipline. Sans structure, c’est l’anarchie. J’ai compris très jeune que la création exige une structure. Une structure et une discipline qui permettent de continuer à chercher à l’infini. La pensée picturale de l’artiste se forme, morceau par morceau. […] C’est dans cette recherche structurée qu’on progresse. »
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Grandes lignes de sa vie
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1937, le 5 octobre. André Turpin est né à Montréal et a séjourné quatre ans à l'Aide à la femme, institution privée vouée à recevoir des filles-mères. L'organisme n’existe plus.
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1941 à 1943. De quatre à six ans, Turpin a vécu dans une famille d’accueil, sous l’autorité d’une marâtre qui le maltraita tant et plus. Il fugua.
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1943 à 1945. Il fut recueilli par l'orphelinat de Saint-Michel, à Montréal, puis par l'orphelinat de Chambly.
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1945. La marâtre revint le chercher à l’automne 1945. Il demeura chez elle jusqu’à ses 12 ans (1949). Cause de son départ : après avoir subi une injustice criante de la part de cette femme, André se révolta et la poursuivit avec une hache. On le plaça successivement chez deux agriculteurs. Après un très court séjour aux deux endroits, il fugua.
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1949. On l'envoya au Mont-Saint-Antoine pendant un mois avant de le transférer à l'orphelinat d'Huberdeau pendant huit mois.
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1949 à 1952. Il s'est retrouvé au Mont-Saint-Antoine pour y passer deux ans et demi.
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1952 à 1963. Admission à Boscoville.
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1965, en septembre. Inscription à l'École des beaux-arts de Montréal.
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1966. À Montréal, Il ouvrit le café Le OP.
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1980. Il alla habiter au 3830 rue Rivard. Il y fonda une école d'art, appelée Atelier Trois-Deux, qu'il a maintenue au moins deux ans.
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1981. Du 9 au 20 mai, voyage aux îles Fidji, aux Îles Cook et à Tahiti.
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1983 à 1990. Turpin a habité au 2210 Est boulevard Gouin, dans le Sault-au-Récollet. Sept ans de stabilité.
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1991 à 2011. Il a habité la maison Valois, boulevard Gouin. Vingt ans de stabilité.
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2011, septembre. Turpin fut évincé de ce logement.
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2011, octobre à 2013. Il a habité au 2930 Est boulevard Henri-Bourassa.
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2013. Turpin fait une chute : fracture du crâne qui précipite la maladie d’Alzheimer. Séjour de trois mois dans les hôpitaux montréalais du Sacré-Cœur et de Jean-Talon.
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2014. Transfert de Turpin au CHLD Saint-Georges du 3550 rue Saint-Urbain à Montréal.
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2017, 13 mai. Décès de Turpin entouré de ses amis.
Grandes lignes de sa carrière

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1961-63, études à l'Institut des Arts Appliqués de Montréal.
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1963-65, études à l'école des Beaux-Arts de Montréal.
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1962-63, stage en céramique avec Robert Champagne.
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1976, stage en sculpture à Pietrasanta (Italie).
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1979, stage en céramique à l'atelier d'Art des Mitons (France).
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1965 à 1977, enseignement.
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1964 à 1988, expositions.
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1971, il fonde la boutique « Les Cent Associés».
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1986 à 1989, œuvres publiques :
1986, sculpture monumentale pour l'Institut Nazareth et Louis-Braille.
Vers la lumière
1986
Sculpture en bronze
213 x 132 x 106 cm


1987-89, quatre œuvres en fibre de verre pour les Rôtisseries St-Hubert
Tendresse de femme
1988
Sculpture en fibre de verre
195,6 x 81 x 71 cm
1988, sculpture monumentale pour Boscoville.
La famille
1988
Sculpture en fibre de verre patinée
183 x 135 x 85 cm


1988, sculpture pour la galerie Aird
De père en fils
1994
Sculpture en fibre de verre patinée
213 x 69,8 x 53 cm
Ses expositions
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1964, Centre social de l'Université de Montréal et Centre culturel de Matane.
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1966, Maison canadienne de Paris et Maison de la culture de Caen et Auteuil, France.
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1967, Maison de la culture de Versailles et Alençon, France.
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1968, Galerie La Main Bleue et Centre social de Rimouski.
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1971, Maison des arts La Sauvegarde, Montréal. Galerie de L'Art Français, Montréal. Galerie des Jeunes Peintres de Montréal. Centre Communautaire de Laval-des-Rapides.
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1972 Galerie Le Saint-Vincent, Montréal.
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1973, Galerie de L'Art français (dessins) et Musée des beaux-arts de Montréal.
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1974, Musée de Joliette et Place Ville-Marie, Montréal.
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1976, Galerie Le Calais d'Ales et Galerie Marie-Louise de Nîmes, France.
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1978, Galerie Clarence-Gagnon, de Gilles Brown de Montréal.
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1979, Galerie Saint-Charles de Bellechasse et Galerie Rodrigue Lemay d'Ottawa.
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1980 -1982, Atelier Trois-Deux (atelier de Turpin).
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1983, Galerie Montcalm, Hull. Galerie La Forme. Centre Sheraton de Montréal. Galerie de Marieville (Québec).
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1985, Galerie des Deux Mondes. 1988, Galerie d'art L'Informelle, Montréal.
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1990, Galerie Aird, (petits bronzes et dessins).
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1991, Galerie Clarence-Gagnon.
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1993, Maison du Meunier, Montréal (deux grandes sculptures).
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1994, Atelier Trois-Deux.
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2003, Galerie d'art du Parc, Trois-Rivières.
Un livre sur Turpin
18 février 2017, à la librairie Renaud-Bray de la rue Fleury à Montréal, fut lancé le livre André Turpin, peintre sculpteur, Propos et confidences, un essai biographique de l’artiste, écrit par Laurent Lachance, l’ami que Turpin avait choisi pour faire sa biographie.
Turpin hésita longtemps à consentir qu’on fasse connaître sa malheureuse enfance et sa vie spirituelle. Un acte de générosité l’amena à le permettre pour « montrer comment un enfant condamné d’avance peut s’en sortir. Montrer les chemins que suit l’âme à travers les traumatismes. Montrer comment un être créateur refait le monde à sa façon. »
